Le temps organise et institue la vie. C’est ce que soulignent nombre de socioanthropologues qui se sont grandement intéressés aux ritualités (Caillois, 1967; Bataille, 1973, 1976; Turner, 1974, Van Gennep, 1974 Godelier, 2016 Wulf, 2018, etc.). Les rites sont toujours des marqueurs du temps. Mettre de l’Ordre dans une société, c’est avant tout organiser le temps. Un enfant apprend rapidement à rythmer ses besoins (faire ses nuits, manger à l’heure des repas, etc.) selon des séquences temporelles très ritualisées propres à sa société. Il est socialisé, par les rites sociaux, aux normes, valeurs et attentes de sa culture. L’ordre chronologique du monde domestique lui assure des repères sécurisants. L’ordre chronologique du monde scolaire est plutôt en phase avec l’ordre chronologique du domestique. Le temps de ces deux ordres est répétitif, cyclique et destinal. Or, à l’école autant qu’à la maison, l’enfant apprend aussi le temps linéaire de l’autonomie, de l’histoire, du projet, de la responsabilisation. On peut alors penser qu’un élève se sert du temps - par la procrastination, le retard, la perte de temps, etc. - pour marquer son autonomie (Lachance, 2015). Nous allons ici discuter du rapport au temps répétitif et au temps linéaire des élèves, dans nos sociétés marquées par l'incertitude de futur.