Notre proposition est centrée sur des enjeux théoriques en éducation à l’éthique. À partir de quelles conditions, notions et pratiques peut-on parler d’une pédagogie de la vulnérabilité ? Notre postulat de recherche est le suivant : nos situations de vulnérabilités nous rendent plus ou moins faciles les discussions avec autrui sur certains sujets dits sensibles, aussi appelés Question Socialement Vives (QSV) ou controverses socio-scientifiques (Hirsch, 2016). Plus nos expériences ont été douloureuses et violentes dans un domaine particulier (sexualité, relations professionnelles, engagements politiques ou religieux, etc.), plus son sujet est difficile à appréhender par la discussion (Tronto, 1993 ; Paperman, 2010 ; Pierron 2010). Or, ces sujets sensibles sont au cœur même de nombreux programmes d’éducation à l’éthique (Legardez, A. et L. Simonneaux, 2004, 2006). Qu’il s’agisse du cours Culture et Citoyenneté Québécoise (CCQ), celui de Philosophie et de Citoyenneté en Belgique ou encore de l’Enseignement moral et civique (EMC) en France, les sujets relatifs à la sexualité, au racisme, à la laïcité ou encore aux discriminations sont difficiles à partager, à la fois en classe avec des élèves (Alpe, Y. et A. Barthes, 2013), mais également lors de la formation universitaire des enseignants du primaire (Chevallard, 1997). Notre proposition se concentre sur cette deuxième situation.